Le travail de Little K. c’est tout d’abord une exploration, la decouverte d’un espace le plus souvent urbain. De cette experience de deambulation, de regard pose sur la ville, Little K sculpte, modele des petits personnages de couleur, en pate fimo, des enveloppes corporelles depersonnalisees car capuches vides et pourtant deja ancrees dans un reel, celui de la culture urbaine, du monde hip-hop. Contextualises par leur physionomie, ces Chillin’ (« ne rien faire de special ») sont, par leur attitude, egalement hors du temps. Ils ne prennent veritablement sens que dans leur environnement : un pont, une cour d’immeuble, un terrain de basket. Les sculptures de Little K, miniatures, veritables in situ, sont ainsi mises en situation dans leur espace de vie, echo peut-être d’une présence passee, observée et alors cette fois-ci bien reelle.
Le travail de Little K c’est ensuite une pratique photographique à la fois photographie a part entiere et document témoin de l’intervention. Le soin apporté au cadrage, large pour englober l’environnement ; a la composition ; a la prise de vue, a hauteur des personnages pour donner une impression de monumentalité au sein d’une architecture souvent elle-même monumentale ; a la lumiere enfin, sont autant d’elements qui participent au-dela du medium à cette impression de temps suspendu. Les photographies sont ensuite datees et les sites reférencés geographiquement.
Le travail de Little K. est finalement une reflexion sur la ville comme lieu de vie et potentiel terrain de jeu. Par sa demarche de prospection, de figuration et d’action affirmative et volontariste, Little K modifie temporairement l’espace urbain. Le travail d’indexation des photographies temoigne d’ailleurs de ce processus aussi important voire davantage que le resultat lui-meme. L’intervention fruit d’une re-decouverte personnelle de la ville, amene chacun a la re-questionner. En effet, les figurines, une fois le cliche réalise, sont « offertes » a l’espace et à ceux qui le cotoient, prennent domicile dans l’environnement qui leur est dedie et y restent ainsi « ancrees ». L’oeuvre donc temporaire est livree aux intemperies et surtout au regard des passants qui re-decouvrent a leur tour, leur environnement d’une autre manière et s’attardent peut-etre la ou les personnages se sont attardes. Leur presence perturbe, interroge et finalement re-singularise la ville.
Diane Turquety